Je m'appelle La Caserne.
Toi qui m'a connue ou toi qui ne sait pas où je suis implantée, je vais te narrer mes souvenirs et mes douleurs.
J'ai été ignorée pendant des décennies et laissée à l'abandon à cause, sans doute, de l'immobilisme des ayants droits à ma propriété suite à une indivision inextricable.
J'ai résisté tant bien que mal aux dures conditions climatiques du Haut Jura. Il faut dire que j'avais encore portes et fenêtres, condamnées sommairement.
Pourtant en 1984, j'ai cru revivre grâce au bénévolat d'une famille désintéressée: fenêtres changées, toiture réparée, cheminée restaurée, façades protégées, pose d'un évier avec eau courante, équipement mobilier, couchages, poêles, etc, etc...
Cela me changeait des orties qui envahissaient un mur intérieur et des infiltrations de neige en hiver.
J'avais belle allure avec le mat arborant le drapeau français, mon parterre de fleurs, au milieu de la clairière où tintaient les clochettes du troupeau de génisses.
Et surtout, j'étais ouverte à tous ceux qui désiraient faire une halte au cours de leur randonnée.
C'est peut-être de là que ma déchéance a commencé. Le civisme n'est pas appliqué par tous!
D’abord, il y a eu des vols, puis une fréquentation de plus en plus importante d'individus indélicats, irresponsables, prédateurs, hystériques, alcoolisés, shootés ...
D'année en année, j'ai tout connu, tout subi.
En 1996, la famille qui chaque fois essayait de réparer les dégâts a finalement baissé les bras, suite à l'enfoncement au bélier d'une porte sécurisée qui ne protégeait qu'une maigre vaisselle.
Aujourd'hui, 8 Octobre 2010, je suis la ruine : fenêtres disparues, boiseries et planchers brulés, plafonds enfoncés.
L'hiver arrive, je vais mourir. Je ne serai un jour plus qu'un amas de pierres mangé par la végétation, à moins que ma triste fin annoncée n'émeuve une bonne volonté.
Je n'y crois plus !
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