Le refuge d'hiver, théoriquement fermé comme le signale Samy fort justement, fut ouvert "exceptionnellement", car deux originaux, dont votre serviteur, émirent la prétention de se lever bien avant 7h30, heure de réveil réservée au commun des mortels... Il fallut parlementer, se justifier, contre l'avis péremptoire du gardien affirmant que puisque on avait affaire à de la "petite montagne", rien ne justifiait de se lever si matin et que la chose "faisait du bruit" (sic) quand bien même on laisse ses croquenots dans la salle idoine (il faut dire qu'escalier et plancher grincent, mais bon).
Il apparait que de plus en plus les gardiens, en dessous d'une certaine altitude (et encore...) proclament haut et fort qu'un lever matinal, de nuit bien sûr, est archi-inutile. Je ferai remarquer charitablement à MM les professionnels de l'hébergement en altitude que :
- il ne leur appartient pas de juger de la légitimité d'un tel choix, du moment qu'ils gèrent un abri dénommé "refuge",
- il ne m'a jamais été dommageable de me lever tôt, voire très tôt en montagne, au contraire, et qu'il y ait ou non des dangers objectifs (crevasses, chutes de pierres, etc.)tant pour des questions de sécurité que d'agrément (marcher sous le cagnard au bout de la journée n'a rien d'agréable). Se lever à la fraîche et marcher à la frontale pour ensuite contempler un lever de soleil sur les Ecrins ou les lacs fait partie d'une des raisons qui rendent la montagne attirante.
- l'éventualité, pour les lève-tard, d'entendre quelqu'un se lever avant eux, fait partie des possibilités, admises même dans un hôtel situé au ras des flots.
- s'ils désirent uniformiser les comportements selon des normes dictées par la facilité, afin de pouvoir eux-mêmes jouir de journées calquées sur les horaires de bureau, il faut qu'ils changent de métier ; d'autant qu'on ne demande pas la lune : une thermos ou un plateau froid avec le nécessaire pour le petit déjeuner, à charge pour celui qui part de se chauffer son café sur le réchaud idoine, n'a rien d'exorbitant, en montagne,.
- il importe peu que le "refuge" soit géré par un club ou de manière privative : l'offre tient à la situation d'un tel bâtiment dans un contexte particulier : la montagne. Par conséquent il appartient au gardien de veiller aux comportements de ses hôtes dans le respect des règles de sécurité dans un tel contexte, notamment en se pliant de bonne (ou mauvaise) grâce aux soucis qu'expriment ceux qui tiennent à fréquenter la dite montagne dans les meilleures conditions.
Last but not least : pourquoi diable vient-on là ?
Parler uniquement de sécurité reviendrait à ignorer le plaisir, pour ne pas dire la joie, que procure la contemplation du ciel, du soleil, des sommets, des lacs, etc. etc. dans les divers aspects qu'ils revêtent dans le cycle des jours et des nuits, sentiment dont on ne voit pas ce qui permettrait à une sorte de pion (qu'on paie !) d'en priver quiconque pour des motifs bien mesquins.